L’architecture comme instrument d’extension de l’offre récréative

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22 févr. 2023

En tant qu'architecte, comment traduire la volonté d'entrepreneurs du secteur récréatif et étendre l'offre récréative d'un parc avec une tour d'observation spéciale ? Nynke Rixt Jukema du bureau NRJ architectuur nous raconte comment son bureau a relevé le défi et créé la tour d'observation Reiddomp. Et explique au passage l'influence qu'ont eue le sol et les utilisateurs du parc sur les choix de conception.

La partie sud de la réserve naturelle Lauwersmeer, située en Frise, abrite une zone récréative d'environ 200 hectares baptisée Kollumeroord. Sur une grande partie de ces 200 hectares ont été plantés quantité de peupliers noirs, d'aulnes et de peupliers argentés, il y a une quarantaine d'années de cela. Le côté occidental de cette forêt a reçu le nom de Diepsterbos, et le coté oriental celui de Zomerhuisbos.

Assez ludique, le Diepsterbos attire non seulement les animaux, mais aussi les touristes. En principe, ceux-ci devraient pouvoir s'y délasser toute une journée. Cependant, de nombreux visiteurs partaient déjà au bout d'une heure en raison du manque d'infrastructures. Une opportunité manquée, selon les acteurs locaux du secteur récréatif. C'est ainsi qu'est née l'idée de construire une tour remarquable qui servirait non seulement de poste d'observation, mais aussi d'élément phare du parcours en hauteur prévu parmi les activités d'extérieur.

Sous cet angle, la bâtisse de 25 mètres de haut semble être composée non pas d'une tour, mais de deux.
Texte et photographie: NRJ Architectuur

Des paysages variés
La réserve du Lauwersmeer se caractérise par une grande diversité de paysages, en alternance ouverts et fermés. En coopération avec les acteurs du secteur récréatif, l'on s'est mis en quête d'un endroit où ces différents paysages se rencontraient. Finalement, ce lieu a été trouvé au point le plus septentrional du Diepsterbos : en lisière du paysage ouvert, il ouvre en outre la vue sur l'aire de nidification du pygargue à queue blanche. Autre avantage : c'est précisément à cette zone limitrophe que les biotopes concernés sont le mieux mis en valeur, car c'est à l'orée de la forêt que poussent l'églantier rouge, le rosier des haies et le rosier pimprenelle, des plantes qui attirent à leur tour des oiseaux particuliers.

En effet, la réserve du Lauwersmeer est un véritable paradis pour les oiseaux. Le parc présente une alternance de terres, de roselières, de pâturages humides et d'étendues d'eau, ce qui attire chaque année des centaines de milliers d'oiseaux aquatiques, des prés et des forêts qui viennent s'y reposer et s'y nourrir, et dans leur sillage, une multitude d'ornithologues. Or, ces amateurs d'oiseaux d'une part pourraient faire bon usage d'une tour d'observation, mais d'autre part redoutent évidemment le dérangement que provoquerait un parcours en hauteur. Dès lors, l'on s'est efforcé de trouver un équilibre entre les deux dans la conception de la tour.

Le Yin et le Yang en équilibre
Pour dessiner la tour, l'on s'est appuyé sur l'équilibre entre le Yin et le Yang. En effet, l'un des principes de base du taoïsme consiste en l'alternance des périodes actives (yang) et passives (yin). Par conséquent, cette tour a ceci de particulier qu'on n'y monte pas et n'en redescend pas d'une traite, mais que le parcours emprunté dévoile sans cesse de nouvelles vues. À l'avenir, quand la tyrolienne et le pont de singe seront installés, vous pourrez choisir de redescendre par un autre chemin que celui emprunté pour monter. Le jeu des espaces ouverts et fermés, à différents étages, crée différents points de vue qui permettent d'admirer le paysage sous divers angles.
Sous cet angle, la bâtisse haute de 25 mètres semble être composée non pas d'une tour, mais de deux. Deux tours juxtaposées et reliées entre elles et qui, à l'instar du Yin et du Yang, sont en interaction. La tour sud, ou Yang, incarne l'énergie masculine et est dédiée à l'exercice physique, soit le parcours en hauteur. Après le moment Yang, place à la tour nord ou Yin, l'opposé féminin du Yang qui prône le repos, les sensations et la vie au ralenti. Le Yin et le Yang incarnent également la dualité cosmique, ce qui n'est peut-être pas un hasard. Ce concept convient en effet parfaitement à la réserve de ciel étoilé qu'est aussi le Lauwersmeer.

Acier
Enfin, la tour a entièrement été réalisée en acier, car le poids et la résistance de ce matériau sont les mieux adaptés à l'élasticité du sol. De plus, ce matériau résiste au sel et au climat tempéré et nécessite peu d'entretien. La construction principale consiste en une structure porteuse en acier galvanisé. Les escaliers et pans de sol galvanisés font partie de cette structure. L'homogénéité du matériau crée une continuité dans le parcours et une expérience plus paisible. La tour Yang sud est recouverte de plaques peintes en vert qui établissent un lien avec le Diepsterbos et les activités alentour. À l'opposé, la tour nord Yin est réalisée dans un acier Corten de couleur brun rouille un peu plus vive, qui cadre bien avec la palette de couleurs du Lauwersmeer. À chaque niveau vertical est ménagé un coin avec un panneau d'information sur la nature et la culture locales. Au fil de son ascendance verticale, le visiteur est donc pour ainsi dire amené à découvrir le spectacle horizontal que la réserve a à offrir.

L'accès à la tour est gratuit. Le parcours en hauteur, tyrolienne et ponts de singe inclus, seront aménagés fin 2023. Cette partie sera uniquement accessible accompagné d'un guide.
Vous pouvez lire l'article complet, avec des photos supplémentaires, bientôt dans "La Documentation Belge de la Construcion".